Déjà dix ans !

La tâche que nous a aimablement confiée le gentil Hervé Sahut, qui s’occupe avec diligence de la communication du SMUC, et auquel on doit le nouveau site internet du club, n’était pas franchement des plus aisées. Présenter le Cercle Gris et Noir en 2020, dix ans après sa création, n’a en effet rien de facile car ce Cercle-là n’est pas vraiment présentable…

Ce « machin » comme aurait dit de Gaulle, est un truc à nul autre pareil dans le paysage smuciste. Un quarteron d’anciens combattants en somme qui, à l’initiative d’un autre général, le regretté Lulu Angeli, s’est mis en tête un printemps de nostalgie, de refaire quelques campagnes improbables ; histoire de reconquérir des territoires vaguement perdus au sein du club qui ont pour frontières l’amitié, la convivialité, la solidarité, le culte de la tradition ; et surtout la bonne humeur pour ne pas aller jusqu’à l’ivresse encore que ce n’est pas là la moindre de ses missions...

Au côté du SMUC, à côté du SMUC, le Cercle est donc devenue une section de vieilles guêtres, attentive au passé mais également préoccupée de l’avenir. Et force est de constater que, toute modestie mise à part, depuis une décennie  ce Cercle tourne rond. Accompagné depuis quelques temps déjà d’une poignée de quadra-quinqua de la plus belle eau. Ce qui n’est pas aussi évident qu’il n’y parait. Le passé chez nous fait bel et bien partie de nos tripes (en sorte d’ailleurs que Marcel Prout n’est jamais très loin…), il coule dans nos veines non pas avec la suffisance ou l’amertume des vieux barbons, mais avec la bienveillance d’un ancêtre qui s’efforce de transmettre un patrimoine. Celui du cœur pour ce qui nous concerne…

Car c’est sans doute en mieux sachant d’où ils viennent, que les jeunes smucistes  sauront jusqu’où ils peuvent vraiment aller.

Depuis 2010 donc, nous organisations des opérations sinon coups de poings, plus sûrement coups de canons, rouge, rosé et blanc bien sûr qui sont les couleurs de notre philosophie, ajoutées au gris et noir il va sans dire. Des rassemblements festifs, des soirées triées sur le volet où les pisse-vinaigre sont  écartés d’autorité (et tant pis pour le délit de faciès), des pique-niques pantagruéliques où certains des plus fragiles frisent l’apoplexie, mais jamais la crise de foi…

Nous tirons régulièrement les rois (puisqu’il y a lurette que nous ne tirons plus de  reines), en présence de sections amies, et nous accompagnons la vie de nos championnes et de nos champions au fil de leurs performances, à travers des réceptions lestées de récompenses, qu’on ne saurait surtout pas confondre avec des distinctions. Nous participons aussi avec nos petits bras musclés à l’organisation de certaines grosses manifestations du club, comme les commémorations historiques des 90 ans – en attendant le centenaire de 2023 -  ou la champion’smuc. Nous pensons (du bon côté on l’espère), et nos pansons aussi, comme des marraines et des parrains de guerre, les plaies et bosses de nos petits soldats.

Le CGN – vous remarquerez que la célébrité nous dispense désormais de nous nommer dans l’intégralité – met également son barnum à la disposition des phalanges qui souhaitent organiser des rassemblements à couvert d’un dais sous lequel Boileau y verrait vite pâlir le vice. Nous sommes alors le préservatif de leurs libations ! Nous couvons en somme les ouailles de Jean Bouin du mieux que nous pouvons.

Le tout grâce à la bonne volonté d’un conseil d’administration efficient – mais si, mais si – et surtout la générosité d’une bonne centaine d’adhérents qui nous font confiance au fil des saisons. Les inconscients !

Nos finances sont en bonne santé (mais ne le répétez pas), grâce à Michel Angostini et sa gestion  scrupuleuse des subsides que l’on nous confie ; ce qui compense l’état de délabrement avancé de certains de nos cotisants (qu’on ne saurait prendre pour des courtisans). Nous avons l’âge de nos arthroses en quelque sorte, mais qu’importe, nous croyons aux vertus d’une seule panacée : l’esprit smuciste.

Alors, soulever des gueuses ne nous fait pas peur, redresser nos manches non plus (n’y voyez là aucune métaphore), et de plus en plus de sections nous aident à travers leur jeunesse. Cet âge n’est pas tant sans pitié, n’en déplaise à Hugo…

Michel Agostini - Président

Jean-Louis Korb - La Plume du SMUC

Bref, le Cercle Gris et Noir essaie à son humble façon de perpétuer une mémoire, de cultiver un héritage qui a fait du SMUC ce monument que l’on sait. Et la reconnaissance est venue,  qui lui a valu d’être coopté - à l’unanimité s’il vous plait - par le CA du club pour siéger au Saint des Saints. Les gouvernants, Jean-Louis Moro en tête, ne craignant même plus de mettre un cheval de Troie dans la citadelle (nous prendraient-ils ainsi pour un cheval de trait ?). C’est assez dire en tout cas de la confiance définitive dont nous jouissons (puisqu’ il nous faut bien jouir encore de quelque chose…)

On s’était dit : « Rendez-vous dans dix ans ».  Et nous sommes encore tous là, puisque nos chers disparus veillent encore sur la place de nos Grand hommes…

Nous ne sommes ni sectaires ni iconoclastes. Nous versons même dans la tolérance.  La preuve : nous avons accepté à bras ouverts en son temps quelques figures tutélaires qui n’étaient pourtant  pas de la meilleure réputation, à commencer par Jean Acquaviva – un inconditionnel depuis - dont vous avez peut-être entendu parler du côté de Bergasse…

Mais ça, aurait dit Kipling, c’est une autre histoire.

J-LK