 Une certaine idée de la fête... Pour évoquer les relations plus ou moins ancillaires
entre le SMUC et ses anciens, on pourrait simplement parodier Kipling :
« Si tu signes au SMUC, tu seras un homme mon fils… » Las, au fil des saisons, ses licenciés ont été tentés
de lorgner leur pré carré plutôt que de
se soucier vraiment du rectangle vert ou parqueté de leur club. Désormais davantage
consommateurs que consomm’acteurs. Et pourtant, si ceux-là savaient ! Qui, en effet, parmi les « rescapés » de
l’avenue Clos Bey, ceux qui foulent la pelouse de Jean Bouin et garnissent les
vestiaires ou les tribunes de Bergasse, connait cette anecdote parmi cent
autres. Celle de cette nuit de juin 1971 où la porte d’entrée du Château et des
appartements du directeur de l’époque - Georges Jassaud - fut proprement murée
par une cohorte de potaches, rugbymen de leur état et jamais à court d’une …
fantaisie. Dans l’autre siècle, le SMUC c’était encore çà : une kyrielle
de grands résultats, saupoudrés de récréations jubilatoires, sur fond de
refrains à ne pas mettre entre toutes les oreilles. L’enthousiasme, pour
cultiver l’euphémisme, constituaient le viatique des Gris et Noirs à chaque
déplacement. Des sociétés de cars, des contrôleurs SNCF et des hôteliers ne
s’en seraient jamais remis… Certes, les amendes étaient lourdes pour les
dirigeants, mais les titres, les victoires, et le respect qui allaient avec,
les payaient largement de retour… Quand on leur demandait si leur club c’était
une affaire de vie ou de mort, ils rétorquaient sans rire, à la façon de
Churchill, que « c’était bien plus
grave que ça » ! Or, voilà qu’aujourd’hui bon nombre des 5500 héritiers
du Pilou Pilou (que les mécréants du RCT nous ont volé par l’entremise du
regretté félon Marcel Bodrero) boutés hors de chez eux, disséminés sur
plusieurs sites de la ville pour cause de créneaux horaires ratiocinés,
ignorent peut-être jusqu’à la signification des quatre lettres écrites à notre
frontispice…. Sans parler de la sublime citation de Montherlant sur "cet accord humain qui donne envie de chanter » ! Aux anciens alors, à l’aune du Cercle Gris et Noir - né
à l’automne 2010 d’une initiative aussi lumineuse qu’illuminée de Lucien Angeli
- (disparu en cette année 2017) de reconstruire le pont des générations, de les entrainer dans leur layon,
à la découverte d’un passé vaguement
décomposé. Pique-nique et dîner de gala retrouvés, festivités de l’été à
venir : les anciens sont déjà de tous les rendez-vous pour rouvrir les
cœurs, comme on rouvre des portes trop longtemps claquées. Car c’est sans doute en mieux sachant d’où ils viennent
que les jeunes smucistes sauront
jusqu’où ils peuvent vraiment aller. C'est sans doute la raison pour laquelle le club avait confié le pilotage des festivités des 90 ans en 2013 tous les anciens réunis sous une même bannière. Lequel club nous a même confié ne pas vouloir prendre sa retraite ni avant ni après son prochain centenaire. Ce faisant, le 11 juin 2013, autant dire
demain, le club aura 90 ans. Et il nous a confié ne pas vouloir prendre sa
retraite. Il se dit même qu’il bande encore… C’est peut-être, tout bêtement ça le Cercle : une
certaine idée de la fête et du priapisme. Ou de quelque chose de ressemblant… Jean-Louis Korb
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 Du silex à l’agenda électronique…
Il se passe décidément de drôles de choses à Jean
Bouin. Figurez-vous que l’autre soir une des plus grandes
pages de l’histoire du club s’est tournée. Dans l’indifférence quasi générale.
Seuls quelques privilégiés ont assisté à l’événement. Dans la tristesse que
vous n’imaginez même pas... A l’occasion de l’élection du nouveau bureau du Cercle
Gris et Noir, Michel Agostini (le plus beau sur la photo) a remplacé Lucien Angeli à la présidence de
l’aréopage. Le hand succédant ainsi au basket. Une véritable révolution toutefois, puisqu’en quelques
minutes cette noble institution, aux intentions œcuméniques et si peu
belliqueuses (« adhérez, adhérez, il en restera toujours quelque chose »
aurait dit Talleyrand) est passée de l’âge de pierre au 21ème
siècle… Finis les silex pour allumer le
feu et les signaux de fumée en guise de couriels ! Terminés les
rendez-vous griffonnés sur des chiffons de papier, vive l’agenda
électronique ! Adieu les réunions sans ordre du jour ni PV, bonjour le
power point ! Enfin la modernité ! Que les âmes sensibles, soucieuses du respect des vieillards,
se rassurent : Lulu pourra toujours assister à nos travaux, coopté
président d’honneur à vie qu’il est désormais, comme Coco Bartoli. Et même, le
cas échéant, donner son avis, voire critiquer. Très brièvement ! Il est hors de question qu’on l’entende un jour à la
façon de César (pas celui de Pagnol, l’autre) murmurer dans un dernier soupir « Tu quoque mi fili… ». Au
SMUC on ne tue jamais le père… JLK
La composition du bureau 2012-2013 du Cercle Gris et Noir Président: Michel Agostini; Vice-présidents: Gérard Goukassian, Jean-Louis Korb; Secrétaire: Bernard Mallet (Adjoint Jean-Pierre Redouté); Trésorier : Denis Saqué (adjoint Gérard Brandl); Responsable des boissons énergisantes: Philippe Cros. Commission boites à pillules : Suzanne Mathéoud. Dernière minute: le Cercle participera au tournoi universitaire de la section foot (21-22 avril) en s'engageant officiellement dans ... l'apéritif qu'il offrira aux dirigeants et encadrants des différentes équipes ! Des boissons non alcoolisées (plus dangeureuses pour la santé) seront offertes aux joueurs. Par ailleurs, une équipe surprise d'anciens internationaux de différentes sélections européennes sera présentée au public le samedi en fin de journée. La nostalgie devrait être au rendez-vous...   |
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 Aux acolytes anonymes…
Ils ont très longtemps été un peu comme les doigts de
la main. Unis, que dis-je, soudés, jusqu’à la crampe à force de lever le même
bras. Un temps on les aurait crus génétiquement inséparables, siamois par le coude
en quelque sorte… Mieux, pour étayer leur discours haut en couleurs et surtout
en degrés d’alcool, tous les mercredis ils philosophaient
( ?!). Jean Bouin était alors leur Forum Boarium, ce qui contrairement
à la traduction erronée de quelques témoins mal intentionnés ne signifiait pas « la
place aux bons à rien » mais « le marché aux bœufs » dans la Rome
antique. Et pour débattre, le plus souvent sur les bienfaits de la badiane, ou
le parfum de fruits rouges d’un cru essentiel à leurs yeux, sans parler des
fleurs du malt, leur sujet de dissertation préféré, nos trois péripatéticiens (on
les invitait assez souvent à aller aussi se faire voir chez les Grecs) y promenaient leurs ombres tard dans la nuit.
Il faut préciser qu’à partir d’une certaine heure, le
souffle de ces acolytes anonymes, dont on taira le nom pour cause de
réputation, devenait un authentique danger public. Et leurs flatulences un
risque très élevé sur l’échelle des attentats. La moindre allumette grattée aurait
alors provoqué le pire ! Ainsi racontaient-ils régulièrement, en menaçant
l’intégrité physique des curieux, des contes à la Perrault (surtout à l’apéro) ;
des histoires à dormir debout en somme, ce qui était un peu leur naturelle
façon d’être… Nos Démosthène du pauvre n’avaient pas besoin de
cailloux dans la bouche pour être vite inintelligibles. Leurs propos se faisait
alors pâteux, leur halène fétide et toutes les aérations du club house n’y
suffisaient plus. C’est qu’ils en avaient des choses à se dire jusqu’à
l’épuisement du serveur ! Dès lors, patriciens orphelins de la moindre
plèbe pour écouter leurs digressions, ils consentaient à rentrer chez eux avec
ce sentiment d’abandon si familier aux papilles de la Nation… Au reste, si un expert-comptable avait gardé avec lui
toutes les notes de tournées ingurgitées par nos frères Ripolin du « garçon-la-même-chose !
», il nous rendrait aujourd’hui un bilan à faire pâlir d’envie le plus riche
des bistrotiers des Champs Elysées ! Venus du football et du volley, les deux premiers ont assurément
manqué une carrière de skieurs olympiques. Tant leur sens inné tout à la fois de
la descente et du slalom en a laissé plus d’un entre deux portes… Quant au troisième, un hasard tout à fait improbable l’avait
initialement destiné à passer le plus clair de son temps dans l’eau. C’est dire
si, d’entrée, son avenir de poloïste serait compromis… Ainsi ont-ils traversé les époques, en gris et noir (souvent
plus noirs que gris), et grâce soit rendue aux épouses émérites de deux d’entre
eux, les malheureuses Martine et Nicole, pour les avoir supportés jusqu’à
l’insoutenable. Puisque dans de nombreuses circonstances, plus rien ne pouvait
les soutenir ! Avec l’âge, les deux grands-pères se sont rangés à la
raison. Ils ne boivent plus entre deux verres... Quant au troisième, impénitent
qui court toujours la gourgandine sans vergogne, si on congelait tous les fœtus qui croisent encore sa glotte,
il ne tarderait pas à devenir le tycoon de la fécondation in vitro ! Mais, qu’importent les flacons, puisqu’eux ont connu la
véritable ivresse, celle de l’amitié si bien écrite par Antoine Blondin dans le
Singe en hiver. La seule qui vaille en somme, toute comme cette dévotion pour
le club de leurs trois vies, le SMUC. Permettez donc aujourd’hui de les saluer comme ils le
méritent, sans trembler (ce qui avec eux n’est jamais chose aisée), et de leur
dire « merci pour tout » Jean-François, Jean-Pierre et Philippe. A
vous trois vous avez fait fondre plus de glaçons que les gaz à effet de serre
de toute la planète. Mais si vous êtes en grande partie responsables du
réchauffement climatique, ce sont avant tout nos coeurs que, depuis toutes ces
décennies, vous avez tenus au chaud. Et si on arrosait ça ? Jean-Louis Korb   |
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